L’investissement de la trésorerie d’une entreprise n’est ni aisé ni sans conséquences. De nombreux chefs d’entreprises ou responsables financiers sont soit laxistes (par manque de temps ou tout simplement que la santé financière de la société le leur permet), soit incapables de trouver des solutions fiables et optimisées.
Conséquence, des sommes parfois très importantes s’amoncèlent sur des comptes courants ou des comptes à terme pas ou peu rémunérés. Et les conseillers, qu’ils soient banquiers ou indépendants ne proposent pas de solutions convaincantes.
Pourtant, comme pour tout investissement, qu’il soit privé ou professionnel, l’investissement de trésorerie répond aux mêmes impératifs : quels sont les projets pour lesquels cette trésorerie sera mobilisable ? quel est l’horizon de placement ? et de cela dépendra le niveau de risque et de rendement optimal. Enfin, mais ce n’est pas l’essentiel, quel sera l’impact fiscal des rendements éventuels de ces investissements ?
Loin de penser que la fiscalité est neutre, l’évidence est que s’il n’y a pas de rendement il n’y aura pas de fiscalité…
Finalement cela est donc, comme toujours, une opération d’audit, de préconisations et de suivi dans le temps qui ne peut être réalisée et garantie que dans le cadre d’un mandat de conseil.
Définir les durées d’investissements
On parle de durée d’investissement ou d’horizon de placement mais, dans les faits, la gestion d’une trésorerie abondante se décline en plusieurs durées d’investissements selon un retro-planning de ses besoins et projets. Il s’agit donc de définir des montants basés sur des critères de prudence et de disponibilité des fonds.
Cette segmentation par durée d’immobilisation peut déjà induire un début de stratégie :
- Sur le court terme (moins d’un an) : la priorité est la disponibilité des fonds. Le choix se limite donc au compte courant ou compte à terme (CAT). Le CAT a des rendements très faibles (moins de 1%) mais peut se clôturer facilement avec des pénalités si la durée initiale n’est pas respectée. Pour optimiser, il faudrait aussi être en permanence à l’affut des banques qui proposent le meilleur taux et être en mobilité bancaire après chaque opération. Ce qui n’a pas vraiment de sens au vu des écarts de rendement et de l’énergie dépensée…
- Sur le moyen terme (un à trois ans) : essentiellement de l’obligataire à travers des fonds corporate à duration courte, ou des fonds obligataires souverains. Ces fonds sont préférables à l’obligation en directe car plus diversifiés donc mutualisant les risques sur plusieurs dizaines de lignes obligataires.
- Sur le long terme (plus de cinq ans) : allocation d’actifs large (obligations, immobilier papier, actions…), c’est la seule possibilité de travailler une allocation ayant une espérance de rendement potentiel correcte (3 à 5% par an)
En fonction d’une holding classique (animation) ou d’une holding patrimoniale, la segmentation peut être différente notamment du fait que la holding patrimoniale dans son activité à des objectifs de transmission donc se permettre une part de long terme bien plus importante.
Quels actifs financiers pour quel couple rendement/risque ?
L’allocation d’actifs va se résumer en deux actes essentiels :
- Définir l’allocation stratégique :
Cette allocation stratégique est indépendante du Momentum de marché, c’est-à-dire de la situation économique et financière du moment. Il s’agit-là de déterminer quels actifs peuvent ou doivent être utilisés pour répondre aux objectifs fixés (disponibilité, risque, rendement).
Enfin de déterminer les grandes masses d’actifs pouvant être utilisées (trésorerie, actions, obligations) - Définir l’allocation tactique :
C’est une étape essentielle et, bien que souvent abordée après le choix des enveloppes de détention (comptes titres, contrats de capitalisation), celle-ci doit se faire en amont. Cela consiste à opérer une sélection rigoureuse des titres ou fonds d’investissements à utiliser.
Les titres composant un portefeuille doivent impérativement être sélectionnés en fonction de la corrélation de leurs volatilités à celles des autres actifs du portefeuille afin d’optimiser le couple rendement/risque.
En fonction des contraintes de disponibilités et de risque viendront donc prendre place des actifs classiques comme des titres en direct (actions cotées ou non cotées, obligations), ou des fonds d’investissements plus ou moins exposés en actions. Mais aussi moins conventionnels comme les produits structurés, les Trackers ou le crowlending, qui peuvent proposer des solutions intéressantes…